Pourquoi nous ne devrions pas avoir peur de l’intelligence artificielle

Beaucoup de gens ont peur de l’intelligence artificielle (IA). Ils la voient comme une menace pour l’emploi, la créativité, voire pour l’humanité elle-même. Mais cette peur repose souvent sur une mauvaise compréhension de ce qu’est réellement l’esprit humain – et de ce que l’IA peut réellement accomplir.
L’écrivain américain David Brooks le résume ainsi dans le New York Times :

« Beaucoup de peurs face à l’IA sous-estiment l’esprit humain. L’IA peut produire des mots, des images ou des schémas – mais elle ne comprend pas ce qu’elle fait. »

La pensée humaine n’est pas un algorithme

Les humains ne sont pas des ordinateurs. Notre pensée n’est pas un simple traitement de données. C’est un mélange de conscience et d’inconscience, de logique, d’intuition, d’émotion et d’expérience. Nous réfléchissons, aimons, doutons, créons du sens – des choses qu’aucune machine ne peut réellement ressentir.
Les neuroscientifiques eux-mêmes admettent : nous ne savons pas encore comment pense l’être humain. Dire qu’une machine peut « penser comme un humain » relève donc du vœu pieux.

L’IA nous complète – elle ne nous remplace pas

L’IA peut écrire, analyser des données et reconnaître des modèles. Mais elle ne vit pas, ne ressent pas et n’assume aucune responsabilité. Elle n’a ni conscience, ni morale, ni histoire personnelle.
Cela signifie que l’IA ne nous remplacera pas – elle nous complétera. Elle peut nous libérer des tâches répétitives ou administratives pour nous permettre d’agir plus humainement : conseiller, créer, diriger, apprendre.

Démocratiser le savoir

Pour Brooks, l’IA est une chance de démocratiser le savoir et l’éducation.
Des études montrent qu’elle aide souvent davantage les moins expérimentés que les experts. Ceux qui rencontrent des barrières linguistiques ou techniques – comme les immigrés – peuvent ainsi progresser plus rapidement.
L’IA peut donc réduire les inégalités, accroître la productivité et rendre l’expertise accessible à tous (dans le droit, la médecine, l’éducation...).

L’IA nous rappelle ce qui fait notre humanité

Au fond, écrit Brooks, l’IA nous rappellera qui nous sommes vraiment – en montrant ce qu’elle ne peut pas faire.
Elle nous pousse à cultiver nos forces humaines :

  • prendre soin les uns des autres,
  • être de bons coéquipiers,
  • lire et réfléchir en profondeur,
  • explorer avec audace,
  • grandir spirituellement,
  • savourer la vie.

Comme le disait le poète John Keats :

« Je ne suis certain de rien, sinon de la sainteté des affections du cœur et de la vérité de l’imagination. »

Conclusion

L’intelligence artificielle n’est pas un substitut à l’intelligence humaine – c’est un miroir.
Un miroir qui révèle la singularité de notre pensée, de nos émotions et de nos actions.
Et c’est peut-être cela, le vrai progrès :
que les machines nous réapprennent à être humains.

Jusqu’où sommes-nous de l’intelligence humaine ?

Six figures majeures de la recherche en IA ont partagé leurs points de vue à la conférence #FTFutureofAI :

Yann LeCun : « Ce ne sera pas un événement unique, mais un processus graduel. »

Fei-Fei Li : « Certaines parties de l’IA dépasseront l’intelligence humaine (ou le font déjà), d’autres ne le seront jamais – elles ont d’autres objectifs. »

Jensen Huang : « Nous disposons déjà des avancées technologiques nécessaires pour en faire profiter la société dans les prochaines années. »

Geoffrey Hinton : « Si l’on définit cela par : “l’IA gagnera toujours un débat contre vous”, alors moins de 20 ans. »

Bill Dally : « Mauvaise question ! Le but n’est pas de remplacer les humains, mais de les renforcer, de compléter ce qu’ils ne peuvent pas faire. Les compétences humaines qui resteront : créativité, empathie, capacité à interagir. »

Yoshua Bengio : « Rien n’empêche conceptuellement d’atteindre une intelligence humaine – mais le calendrier reste incertain. »